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PODCAST DU COM D’ARCHI #65

VIDEO-PITCH DU COM D’ARCHI #65

EXTRAIT DE L’INTRODUCTION D’ANNE-CHARLOTTE DEPONDT A LA TABLE RONDE ‘COMMENT DIRE L’ARCHITECTURE’

…’Je m’interroge aujourd’hui sur le rapport entre le langage et la discipline architecturale.

Phénomène pléthorique, dilué dans une infinité de supports écrits, parlés, imagés. Tous ceux dont nous disposons à l’heure actuelle, bien sûr. Dilué dans un panel de compétences : historiens journalistes architectes écrivains essayistes communicants aux frontières professionnelles de moins en moins définies.

Ce rapport éparpillé dans tous les niveaux de langage que nous utilisons, suivant que l’on s’adresse au grand public ou aux initiés.

Bien évidemment cette interrogation a motivé l’organisation de la présente table ronde.

Car ce superbe bazar est-il le gage d’une grande liberté d’expression, l’assurance d’un champ créatif, la simple manifestation de ce que la journaliste Emmanuelle Borne qualifie de ‘melting com’ dans un article paru en 2012 dans le Courrier de l’architecte et intitulé ‘Quoi ma Com Qu’est-ce qu’elle a ma Com’?

Non par esprit suicidaire _parce que le langage appliqué à l’architecture est mon métier voir même ma passion_, sans doute par esprit de provocation j’introduis le présent débat par la référence à Michel Serres et notamment ce laïus qu’il a prononcé en 2014, lors d’une rencontre organisée par Vinci Construction France dans le cadre de la biennale de Bordeaux.

Je cite Michel Serres: J’ai été frappé, à mon arrivée aux Etats-Unis, par la laideur des villes américaines, qui tenait à la prégnance de l’écriture. Cette écriture a envahi la France dans les années 70. Quand nous arrivons dans une ville, nous pénétrons aujourd’hui dans des laideurs hurlantes. Ces entrées sont devenues la honte de la France et cela tient uniquement à l’écrit. L’architecture est morte, l’écriture a tué le bâtiment. Vous ne bâtissez plus que des écrans, des pages. Et pourtant, je suis un homme d’écriture, j’ai écrit 60 bouquins. Mais celle-là tue votre métier, merde ! Déshabillez-vous ! Architectes, foutez-vous à poil ! A poil les archis ! Le premier qui saura restaurer le bâti aura sauvé l’architecture. »

Et fort est de constater à la lumière du dernier ouvrage d’Antoine Picon, ‘La matérialité de l’architecture’ permettez-moi de vous citer p.19 ‘L’architecture est un art éminemment matériel’, p.13 ‘A côté de la matière, le langage joue un rôle essentiel…borne supérieure du désir d’expression’…’la distance qui se recrée entre l’architecture et les mots s’avère finalement plus puissante que les effets qui naissent de leur rapprochement’…’Il faut que l’architecture cherche constamment à parler, mais qu’elle échoue toujours comme le Sysiphe’ etc.

 Dans ce rapport tendu et nourricier, parfois destructeur qu’attendre aujourd’hui du langage, de l’écriture appliqués à la discipline spatiale ? Comment transmettre au grand public ? A l’heure de l’intelligence artificielle, qu’elles sont les priorités, les exigences, les attentes, les désirs ? Pour les maîtres d’œuvre en paysage, urbanisme, architecture, comment envisager l’avenir quant à ce sujet du langage ? Voie d’accès à la connaissance, le langage pourrait-il, enfin, ‘apprendre à voir l’architecture’ tel que le proposait Bruno Zevi ? Un acte de réconciliation réinstaurant l’esprit pérenne, la volonté d’éternité, est-il encore possible, voir même souhaitable ? Ou bien l’architecture est-elle en passe de devenir elle-même une sorte d’être vivant donc mortel, un être pensant, un être parlant ? La vérité ne résiderait-elle pas, plutôt, dans ce supplément d’âme que nous avons, dans cette discipline ancestrale et profondément humaine : la poésie ?’

Charlotte Depondt, le 24 septembre 2018,

à Paris, au Remix 16B, en live sur Com d’Archi #65, remixradio.fm!

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